...............BD bien enveloppée, et je me rendis à Londres pour la seconde fois en 5 mois.
Une fois à l'aéroport, je me mis à chercher M. Randall qui était en fait juste à côté de moi. Il était exactement la caricature du pétrolier millionnaire texan, comme pourrait se l'imaginer un dessinateur de bande dessinée!
C'était Norm Riley le manager de Gene, qui gérait en plus les carrières de chanteurs comme Bobby Rydell, Ronnie Hawkins, et feu Eddie Cochran. Norm Riley vit la BD et me dit avec son accent trainant, "Oh Yeah, Gene va adorer". Alors qu'on attendait l'arrivée de Gene, on parla de différentes choses et entre autres, de la mort d'Eddie. Il me montra alors une bague, la bague d'Eddie Cochran. "Je l'ai prise sur le corps d'Eddie juste après sa mort" me dit il. Ca me sembla une façon un peu froide de parler de la star décédée, mais le show business est comme ça. On ressent la perte mais comme le dit le vieux dicton: "The show must go on". Dans le cas de Gene Vincent, c'était même plus que vrai.
L'avion de Gene et Jerry Keller venait d'atterrir. On se dirigea vers eux et à ma grande surprise, je me rendis compte qu'on allait vers le même bâtiment que celui ou j'avais rencontré Gene la première fois, au mois de décembre passé. Alors qu'on s'approchait de cette sorte de grande hutte, je pus voir Gene boiter au milieu d'un groupe de gens. L'intérieur était vide à part quelques chaises et une table avec des sandwichs et des biscuits salés. Gene était assis seul alors que Norm Riley parlait à Larry Parnes. Il y avait quelques journalistes et un garçon en blanc offrait à chacun des hors d'oeuvre placés sur la petite table.
Il me semblait bizarre de revoir cette pièce. C'était tellement différent de l'acceuil du mois de décembre. Il n'y avait pas de musique ou de foule de fans, et ceux qui étaient là ne souriaient pas. Je me rendis compte tout d'un coup qu'il y avait un jeune homme propre sur lui, et habillé d'un blazer bleu marine, assis à côté de moi. Il se présenta comme étant Jerry Keller. c' était un gars sympathique, amical et semblant très interressée par Gene, ma BD et l'Angleterre. Alors que Jerry parlait, je jetais un coup d'oeil à Gene. Il était encore assis et semblait plongé dans ses pensées. Le garçon arriva et m'offrit quelques hors d'oeuvre sur un large plateau. Je déclinais l'offre sans savoir pourquoi, car je mourrais de faim.
Après avoir parlé à Jerry Keller, M. Randall m'invita à aller parler à Gene. Il précisa que la présentation de la BD viendrait plus tard, car les photographes en voulaient aussi des photos.
Je trouvai une chaise et m'assis juste à côté de Gene qui fixait le sol. J'étais sec. Que pouvais je dire à un gars qui venait de vivre ce qu'il avait vécu? Je me sentis un peu mal, vu que Gene ne semblait pas non plus vouloir parler. Ron Randall remarqua le silence et me chuchota: "vas y, parles lui". Je décidai alors de demander à Gene s'il avait un nouvel album à sortir en Grande-Bretagne. Comme les gens s'en étaient aperçu, la chose qui pouvait empêcher Gene de penser à Eddie, c'était de parler de ses propres albums. Il montrait alors un certain enthousiasme, bien que son visage ne laissait presque jamais apparaitre le début d'un sourire. "Nous allons bientôt sortir un nouvel album", dit Gene calmement. "Ca s'appelle Crazy times".
On a souvent remarqué que Gene disait "nous" quand il parlait de ses enregistrements, un peu comme s'il se voyait membre d'un groupe, plus que comme un chanteur solo. Bien entendu, moi même et beaucoup d'autres, avions encore l'impression que le "nous" signifiait les Blue caps. En fait on réalisa plus tard que ce n'était plus le cas, en voyant que "Crazy times" avait été fait non avec le célèbre orchestre, mais avec un groupe dirigé par Jerry Merritt.
Alors que Gene et moi parlions du nouvel album, Norm Riley entendit la conversation et s'approcha. "En parlant de Crazy times, Gene, qu'est ce qu'on peut dire du morceau "Why don't you people learn to drive "? A ce jour, je ne sais toujours pas ce que M. Riley voulait dire avec cette remarque, mais je pense qu'il considérait que c'était une chanson à thème, vu les événements qui s'étaient produits quelques jours plus tôt. Gene leva les yeux, sembla perdu dans ses pensées pendant un moment et se renferma à nouveau. Un moment passa encore, et on se mit à parler du fan club. Gene disait alors quelque chose au sujet de John Grierson qui l'empêchait de le diriger. A cette époque je ne pensais pas encore sérieusement réouvrir un fan club pour Gene; ça semblait si futile après la mort d'Eddie Cochran.
Bientôt les photographes demandèrent à voir la BD et ils nous dirent ou se placer et comment se tenir puis ils prirent leurs photos. Jerry Keller en prit une avec son appareil, un polaroid, et me donna la photo. Gene semblait apprécier la BD, et pour moi c'était suffisant.
Peu après les photos, Larry Parnes me demanda si j'étais membre du fan club de Gene. Je lui répondis que je l'avais été mais que le fan club avait fermé. Il me répondit : "Alors dans ce cas Alan, on doit le réouvrir, non"? J'étais d'accord sans savoir s'ils voulaient vraiment le faire. Gene était maintenant prêt à partir pour Londres, mais boitait encore lourdement de la jambe gauche. Je remerciai alors tout le monde de m'avoir invité, et ajoutai que j'espérai que le reste de la tournée se passerait bien pour Gene et Jerry.
Je.................